Et si on arrêtait d’exposer nos enfants sur la toile ?

Les réseaux sociaux ont révolutionné la manière dont nous interagissons, partageons et consommons l’information. Cependant, cette évolution rapide de la technologie soulève des préoccupations croissantes concernant l’exposition des enfants sur ces plateformes en ligne.

En tant que parents, on a souvent envie de partager avec le monde entier les « exploits » de son enfant : son premier sourire, sa première nuit, même parfois ses premières selles…! Puis, quand il grandit, ce seront ses premiers pas, sa première dent tombée puis plus tard sa première descente en snow, etc.

Besoin de partager, besoin d’appartenir à la communauté ou besoin de reconnaissance sociale ? 

Selon une étude de cybersécurité appelée « L’âge du consentement » menée par McAfee : 24% des parents publient une photo ou une vidéo de leur enfant au moins une fois par jour sur les réseaux sociaux. Et, parmi eux, un quart le fait plus de quatre fois quotidiennement.

Mais, leur a-t-on demandé leur autorisation avant de publier leur image sur les réseaux sociaux ? Et si oui, sont-ils pleinement conscients de ce que cela implique ?

Et si on se mettait à leur place ? Imaginons par exemple que, dans 10 ans, on tombe sur des dizaines de photos de nous sur un site internet, parfois dans des postures compromettantes.
Comment nous sentirions-nous ?

Notre enfant n’a peut-être pas – et n’aura peut-être jamais – envie d’avoir une identité numérique. Qui sommes-nous pour lui refuser le droit de choisir ? Car une fois postées, les photos appartiennent à la toile.

Préoccupations

  • La protection et le respect de la vie privée
    L’une des principales préoccupation entourant les enfants sur les réseaux sociaux est la protection de leur vie privée. Ces informations peuvent être exploitées par des individus malveillants.
  • Les dangers potentiels
    Pédophilie, harcèlement, enlèvement, ou encore cyberintimidation.
    Gary Davis de chez McAfee : « Publier des photos et des vidéos sur les réseaux sociaux est une excellente façon pour les parents de partager ce qui se passe dans leur vie avec leurs proches », « Toutefois, l’étude révèle que les parents n’accordent pas suffisamment d’attention à ce qu’ils publient en ligne et à la façon dont cela pourrait nuire à leurs enfants. Si les photos partagées tombent entre de mauvaises mains, elles peuvent être utilisées pour recueillir des renseignements comme la date de naissance, l’adresse de la maison, l’école ou même le nom complet de l’enfant, ce qui pourrait mener à la cyberintimidation ou même au vol d’identité. »
  • Facebook et Instagram
    Ne nous mentons pas : nous n’avons pas que de la famille et des amis proches sur les réseaux sociaux. Avons-nous vraiment envie que tout ce « beau » monde ait accès aux photos de notre enfant ? Et allons plus loin : que cherchons-nous quand nous postons une photo de notre enfant (ou de notre vie privée d’ailleurs) sur les réseaux ?
  • Réseaux pédophiles
    Dure réalité mais pourtant bien présente : les réseaux pédophiles existent et s’approvisionnent sur les réseaux.
    De sordides affaires de photos postées innocemment sur Facebook, Instagram ou autre existent. L’un des exemples les plus récents est la découverte par un hacker néerlandais d’un site russe hébergeant des millions de photos d’enfants, récupérées sur les différents réseaux sociaux; ces photos étaient classées dans des catégories ne laissant que peu de doute sur le caractère pédophile de la plateforme. L’article ici.
  • Respect de l’intimité
    L’enfant, comme l’adulte, a le droit au respect de son intimité.
    Selon l’article 9 du code civil, chaque personne a une vie privée, a droit au respect de celle-ci et à une intimité. […] La jurisprudence considère que la vie familiale, sentimentale et sexuelle font partie de la vie privée de la personne, ainsi que le domicile, les convictions religieuses et morales, la santé et les loisirs.
    En France, la publication d’un cliché d’une personne sans son accord est passible d’un an d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende selon l’article 226-1 du code pénal.
  • Adolescence
    Comme cela nous paraît loin, on néglige les effets néfastes possibles à l’adolescence : moqueries, humiliation, harcèlement… rendus possibles ou aggravés par les clichés facilement accessibles sur le net.

Conseils

  • Au mieux : cessez les publications incluant votre enfant.
  • Sinon : limitez les publications ou vous exposez votre enfant et attendez qu’il soit en mesure de comprendre ce que cela implique. Demandez-lui son accord et laissez lui le droit de vous dire « non ».
  • Profitez simplement du moment avec lui et immortalisez le dans votre cœur :).
photo accord reseaux louisepayet.com
Photo trouvée ici

Les enfants ne sont pas des objets de communication et ont le droit au respect de leur intimité.

Pour conclure, l’exposition des enfants sur les réseaux sociaux présente des défis significatifs en matière de protection de la vie privée, de bien-être émotionnel et de sécurité en ligne. Il est impératif que les parents, les éducateurs, les décideurs politiques et les entreprises de technologie travaillent ensemble pour créer un environnement en ligne plus sûr et plus responsable pour les enfants.

Mise à jour 2024 : L’Assemblée Nationale a définitivement adopté ce mardi 6 février, à l’unanimité, une proposition de loi visant à mieux protéger le droit à l’image des enfants face aux dérives de certains parents les exposant sans retenue sur les réseaux sociaux.

Je vous conseille également un autre article intéressant du journal Le Parisien ici.

Louise Payet

Laisser un commentaire