Accueillir et accompagner les émotions de l’enfant

Accueillir et accompagner les émotions de l’enfant

Nos touts petits sont parfois traversés par des émotions, plus ou moins fortes. Grâce à l’avancée des neurosciences et notamment aux travaux du Dr Catherine Gueguen*, nous savons aujourd’hui que leur cerveau n’est pas encore apte à raisonner et à se réguler seul ; ils peuvent alors entrer dans ce qu’on appelle des tempêtes émotionnelles. Dans ces moments-là, ils ont besoin de l’accompagnement bienveillant et soutenant de l’adulte.

C’est quoi, une émotion ?

Emotion vient du latin emovere qui signifie « mettre en mouvement ».

Les émotions se déclenchent quand il se passe quelque chose pour nous.
La peur → « Attention il y a un danger, mets-toi en sécurité. »
La colère → « Quelqu’un rentre dans mon espace (physique ou émotionnel) sans y être autorisé : STOP. »
La tristesse → C’est une cicatrisation, un deuil pour mieux repartir vers la joie.
La joie → « C’est agréable, recommençons. »

Lorsque l’on se forme ou que l’on s’intéresse à la Communication Non Violente (article sur la CNV), processus de communication créé par Marshall B. Rosenberg, on comprend que derrière chaque émotion, il y a un besoin auquel on a répondu, ou non.

Illustration de Apprentie Girafe

Dire qu’il y a une émotion présente en nous, et non que nous sommes l’émotion

Dans le livre de Thich Nhat Hahn, « Prendre soin de l’enfant intérieur », il explique qu’il est préférable de dire qu’il y a de la tristesse en soi, plutôt que « Je suis triste. » En effet, cela permet de se dissocier de cette émotion et de clarifier le fait qu’elle est passagère.

Comment accompagner les émotions de l’enfant avec bienveillance ?

Voici quelques idées à mettre en place :

Lorsque l’enfant est dans une émotion, on peut dans un premier temps verbaliser que l’on voit qu’il se passe quelque chose pour lui, accueillir son émotion :
« Je vois qu’il se passe quelque chose pour toi. » « Je vois que c’est difficile pour toi. »

Puis, afin d’éviter de définir ce qu’il vit à sa place, on peut proposer à l’enfant l’émotion qui le traverse : « Est-ce qu’il y a de la tristesse/colère/peur … en toi ? »

La communication gestuelle associée à la parole (article sur la communication gestuelle associée à la parole) est un précieux outil lorsqu’on parle des émotions. En effet, même sans pouvoir encore parler, l’enfant peut verbaliser son émotion. Comme disait Françoise Dolto, pédiatre et psychanalyste du XXème siècle : « Une émotion verbalisée est en partie évacuée. »

Lorsqu’il s’agit de la colère et que l’enfant s’en prend physiquement à d’autres, il est important de lui verbaliser qu’on a le droit d’être en colère, en revanche on n’a pas le droit d’abîmer les autres avec cette colère. (Téléchargez gratuitement l’histoire du petit garçon en colère).

Dans ces moments d’émotion intense, on peut proposer à l’enfant une contenance, avec un câlin par exemple.

En amont, on peut introduire différents supports à l’enfant : images, bouteille de retour au calme, coussins des émotions… afin qu’il ait des outils en sa possession lorsque l’émotion survient.

Article sur la bouteille de retour au calme

La posture de l’adulte 

• Se mettre à la hauteur de l’enfant
• Si possible, se mettre un peu à l’écart avec l’enfant pour qu’il y ait moins de stimulation.
• Lui signifier par le regard ou la parole qu’il a toute notre attention, que nous sommes là pour lui
  

Pour conclure cet article, j’ai choisi la citation d’Isabelle Filliozat :

« Respecter les émotions de l’enfant, c’est lui permettre de sentir qui il est, de prendre conscience de lui-même, ici et maintenant. »

NB : Un grand merci à Marion Thiessard, psychologue et présidente de l’association Pour une éducation Bien-Veillante, auprès de qui j’ai énormément appris au sujet des émotions. Notamment grâce aux diverses formations sur le sujet que j’ai suivies avec elle, mais également grâce à sa conférence « Emotions, autorité et bienveillance » de 2018 à laquelle j’ai assisté ; et tout simplement grâce à la belle personne qu’elle est et les valeurs qu’elle incarne au quotidien.

Louise

*Pour une enfance heureuse, Catherine Gueguen, 2014