Sensibiliser les enfants à la notion de consentement

Pour les moins de 3 ans

A la micro-crèche dans laquelle je travaille, nous invitons les enfants à prendre conscience que s’ils n’ont pas envie d’être touchés, ils ont le droit de le dire. Et même à nous !

Quand on leur demande si on peut leur faire un bisou un câlin, il est important pour nous de respecter leur « non ».

Si un autre enfant les touche ou leur fait un câlin et que nous remarquons qu’ils n’ont pas l’air d’accord, nous les invitons à le formuler (pour les plus grands) :

« Si tu n’as pas envie, tu peux lui dire non. »

Nous montrons également l’exemple aux enfants lorsqu’ils nous touchent et que nous n’en avons pas envie :

« Non, c’est mon corps, et je n’ai pas envie que tu le touches comme ça/ici/etc. »

Pour les plus petits, nous expliquons aux plus grands qu’ils ne sont peut-être pas d’accord et que tant qu’ils ne peuvent pas le dire eux-mêmes, nous préférons qu’ils ne leur fassent pas de câlin/bisou, même si cela part d’une bonne intention.

Sensibiliser les enfants au consentement, c’est leur montrer de quelle manière se protéger, mais également comment écouter les autres et respecter leur “non ».

Pour les plus grands

La cour de récréation

On parle beaucoup de la violence au collège et au lycée, mais on parle peu de celle présente dans les cours de l’école maternelle et primaire.

Dans la cour, de génération en génération, les élèves apprennent les règles du jeu social. C’est un lieu où filles et garçons apprennent à se rencontrer, par une relation fondée sur l’évitement, le côtoiement, et parfois la provocation.
Ces interactions amènent les enfants à expérimenter la manière dont peuvent se rencontrer filles et garçons, à préciser le rôle social de chaque sexe.

Pour certains enseignants, la cour est un lieu à surveiller, mais elle ne fait pas l’objet d’une réflexion pédagogique.
Or, il se passe tellement de choses importantes lors de ces moments de jeux et de socialisation ! Rappelons que, les enseignants restent, à ce moment de récréation, les garants de la sécurité physique, morale et affective des enfants.

Une violence banalisée

« Il me tient par le bras. Je n’ai pas envie. Je lui dis de me lâcher. Il ne veut pas. Je me débats et finis par aller le dire à la maîtresse. Elle me dit que ce n’est pas grave et me demande de repartir jouer. » Voilà les propos que m’a tenus une petite fille de 6 ans en rentrant de l’école.

Le message envoyé par cette enseignante est le suivant : « Ta parole n’est pas importante. Si quelqu’un veut le toucher sans ton consentement, il peut le faire sans risque conséquence. » Le besoin de respect du corps n’est ni entendu, ni respecté.
En parallèle, en banalisant de la sorte ce qu’il s’est passé, le message envoyé au garçon est « Tu as le droit de toucher une fille même si elle n’est pas d’accord. »

Parents, professeurs, animateurs, dames de cantine, éducateurs, etc. : ce qui n’est pas accepté dans la société des adultes ne doit pas non plus l’être dans celle des enfants. Et c’est à nous, adultes, de nous tenir garants de la sécurité des enfants.

Au même titre que la violence physique (pourquoi s’autoriser à taper un enfant alors que c’est interdit de taper un adulte ?), le respect du corps de chacun doit être au centre des priorités des adultes en contact avec des enfants.

Stratégies

Apprenons dès le plus jeune âge aux enfants que leur corps leur appartient, et que personne ne peut le toucher sans leur accord. Soutenons les garçons et les filles qui viennent se plaindre d’avoir été touchés, poussés, tapés, etc. et, tout en les rassurant, montrons-leur que leur voix est importante.

Pour une éducation bienveillante et le respect de chacun, apprenons aux enfants à respecter leur propre corps et à respecter le corps de l’autre.

Pour rappel, tout enfant a « le droit d’être protégé de la violence, de la maltraitance et de toute forme d’abus et d’exploitation » selon la Convention internationale des droits de l’enfants (1989).

Voilà comment cela aurait pu se passer pour cette petite fille de 6 ans. La maîtresse aurait pu prendre le temps d’accueillir son émotion :
« Quand tu lui as demandé de te lâcher et qu’il ne l’a pas fait, est-ce que tu as eu peur et tu t’es sentie en colère parce que tu avais besoin de sécurité et de respect ? »

Elle aurait ensuite pu dire au garçon « Tu sais, quand elle me raconte qu’elle t’a demandé de la lâcher et que tu ne l’as pas fait, je me sens en colère et inquiète parce que j’ai besoin de protéger les enfants. Est-ce que tu comprends que son corps lui appartient et que tu n’as pas le droit de le toucher sans son accord ? »

Pour finir, l’institutrice aurait pu réunir tous les enfants autour de ce sujet et leur expliquer le respect et l’importance du corps.

L’ensemble des parents auraient également pu être invités à discuter de cet incident afin que tout l’environnement de l’école prenne conscience de l’importance de ce qui s’était joué ici. De plus, la petite fille se serait surement sentie entendue et soutenue.

Les stratégies ne manquent pas et sont importantes quand il s’agit du respect du corps de chacun, et davantage quand il s’agit de celui des enfants.

Dans le même registre : « Fais un bisou à la dame »

Par peur d’être jugés comme malpolis ou comme « mauvais parents », nous forçons parfois nos petits bouts à embrasser, câliner ou toucher des gens qu’ils ne connaissent même pas ou à qui ils ne veulent simplement pas s’adresser.
Mettons-nous à leur place… Qu’est-ce que cela nous ferait si on nous demandait d’embrasser ou de prendre dans nos bras un inconnu ou quelqu’un que nous n’apprécions pas particulièrement ?
Oui, la politesse s’apprend; et la meilleure façon de transmettre cette valeur, c’est de l’incarner. Proposons plutôt un salut de la main ou des mots pour inviter l’enfant à entrer en relation avec les autres.

Dans son livre « Et si on changeait d’angle », l’illustratrice Fanny Vella met en scène des événements vécus d’ordinaire par des enfants avec des adultes.

Ci-après une bien représentative de ce qui est partagé ici :

Quelques outils concrets :
– La CNV (Communication NonViolente) : pour apprendre aux enfants à exprimer leur besoins et ressentis avec bienveillance.
– L’accueil et l’accompagnement des émotions pour accompagner et mettre des mots sur ces moments parfois difficiles.
– Une illustration d’Elise Gravel pour expliquer le consentement aux enfants :

Louise Payet

2 commentaires sur « Sensibiliser les enfants à la notion de consentement »

  1. C’est très intéressant. Lors d’un remplacement long en maternelle, j’ai abordé le sujet du consentement avec mes élèves de Grande Section car plusieurs enfants « carressaient » les t-shirts à paillettes (vous savez cette mode des paillettes qui changent de couleur quand elles se retournent) de leurs camarades sans leur demander leur avis, qu’un petit garçon imposait à toutes les filles câlins et bisous et que plusieurs jouaient sans arrêts avec les tresses de certaines petites filles quand elles avaient une nouvelle coiffure… quand j’ai vu les petits visages gênés ou malheureux, j’ai décidé de prendre le temps de parler en groupe de tout cela. Nous en avons débattu tous ensemble, tous les enfants ont exprimé leurs émotions et ressentis et nous avons ensemble instauré des règles communes. Cela ne s’est pas fait en un jour mais au bout de quelques semaines, j’ai vu de réels changements : les élèves n’hésitaient à dire non quand ils étaient gênés et ils demandaient la permission avant de toucher les t-shirts ou les nattes. J’étais si fière d’eux !!! J’espère que cela leur servira tout au long de leur vie …
    Merci pour cet article très intéressant.
    Belle journée, Hélène

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