Le respect du consentement : une éducation essentielle dès le plus jeune âge
Le respect du corps et le consentement sont des notions fondamentales qui doivent être intégrées dès l’enfance. Pourtant, ces sujets restent souvent sous-estimés, notamment dans les structures d’accueil de la petite enfance et à l’école.
Comment sensibiliser les enfants au respect de leur propre corps et de celui des autres ?
Comment leur apprendre que personne ne peut les toucher sans leur accord et qu’ils ont le droit de dire non ?
Dans cet article, nous abordons les enjeux de l’éducation au consentement, les meilleures pratiques pour enseigner ces notions aux enfants et l’importance d’un engagement collectif des parents, éducateurs et enseignants.
Consentement chez les moins de 3 ans
Dès le plus jeune âge, il est essentiel d’apprendre aux enfants qu’ils ont le droit de disposer de leur corps et que leurs limites doivent être respectées.
Dans certaines micro-crèches, les professionnels sensibilisent déjà les tout-petits en les encourageant à exprimer leurs besoins :
– Lorsqu’un adulte veut faire un câlin, l’enfant peut choisir d’accepter ou de refuser.
– Si un autre enfant le touche sans son consentement, il peut dire « Non, je n’en ai pas envie ».
– Les adultes montrent l’exemple en verbalisant leur propre consentement : « Non, c’est mon corps, je n’ai pas envie d’être touché ».
💡 Pourquoi est-ce important ?
L’apprentissage du consentement ne concerne pas seulement la protection de l’enfant. C’est aussi une leçon de respect des autres, qui l’accompagnera tout au long de sa vie.
À la micro-crèche dans laquelle je travaillais, nous invitions les enfants à prendre conscience que s’ils n’avaient pas envie d’être touchés, ils avaient le droit de le dire. Et même à nous !
Quand on leur demandait si on pouvait leur faire un câlin par exemple, il était important pour nous de respecter leur « non ».
Si un autre enfant les touchait ou leur faisait un câlin et que nous remarquions qu’ils n’avaient pas l’air d’accord, nous les invitions à le formuler : « Si tu n’as pas envie, tu peux lui dire non. »
Nous montrions également l’exemple aux enfants lorsqu’ils nous touchaient et que nous n’en avions pas envie : « Non, c’est mon corps, et je n’ai pas envie que tu le touches comme ça/ici/etc. »
Pour les plus petits, nous expliquions aux plus grands qu’ils n’étaient peut-être pas d’accord et que tant qu’ils ne pouvaient pas le dire eux-mêmes, nous préférions qu’ils ne leur fassent pas de câlin/bisou, même si cela partait d’une bonne intention.
Sensibiliser les enfants au consentement, c’est leur montrer de quelle manière se protéger, mais également comment écouter les autres et respecter leur “non ».
Le consentement dans la cours de récréation : une violence trop souvent banalisée
On parle beaucoup de la violence au collège et au lycée, mais on parle peu de celle présente dans les cours de l’école maternelle et primaire.
La cour de récréation est un espace où les enfants expérimentent les interactions sociales. Pourtant, c’est aussi un lieu où la violence et le non-respect du corps sont parfois minimisés par les adultes.
Dans la cour, de génération en génération, les élèves apprennent les règles du jeu social. C’est un lieu où enfants de tous genres apprennent à se rencontrer.
Ces interactions amènent les enfants à expérimenter la manière dont peuvent se rencontrer filles et garçons, à préciser le « rôle social » de chaque sexe.
Pour certains enseignants, la cour est un lieu à surveiller, mais elle ne fait pas l’objet d’une réflexion pédagogique.
Or, il se passe tellement de choses importantes lors de ces moments de jeux et de socialisation ! Rappelons que, les enseignants restent, à ce moment de récréation, les garants de la sécurité physique, morale et affective des enfants.
Un témoignage marquant :
« Il me tient par le bras. Je n’ai pas envie. Je lui dis de me lâcher. Il ne veut pas. Je me débats et finis par aller le dire à la maîtresse. Elle me dit que ce n’est pas grave et me demande de repartir jouer. »
Voilà les propos que m’a tenus une petite fille de 6 ans en rentrant de l’école.
Que comprend l’enfant face à cette réaction ?
❌ « Ma parole n’a pas d’importance. »
❌ « Quelqu’un peut me toucher sans mon accord et il n’y aura aucune conséquence. »
En parallèle, en banalisant de la sorte ce qu’il s’est passé, le message envoyé au garçon est « Tu as le droit de toucher une fille même si elle n’est pas d’accord. »
En ignorant ces situations, nous envoyons un message dangereux aux enfants, qui peut influencer leurs comportements à l’âge adulte.
🚨 Rappel essentiel : parents, professeurs, animateurs, dames de cantine, éducateurs, etc. : ce qui n’est pas accepté dans la société des adultes ne doit pas non plus l’être dans celle des enfants. Et c’est à nous, adultes, de nous tenir garants de la sécurité des enfants.
Au même titre que la violence physique (pourquoi s’autoriser à taper un enfant alors que c’est interdit de taper un adulte ?), le respect du corps de chacun doit être au centre des priorités des adultes en contact avec des enfants.
Éduquer au respect du corps : stratégies et solutions
L’éducation au consentement doit être intégrée dans toutes les sphères de la vie des enfants, que ce soit à la maison, en crèche ou à l’école.
Apprenons dès le plus jeune âge aux enfants que leur corps leur appartient, et que personne ne peut le toucher sans leur accord. Soutenons les garçons et les filles qui viennent se confiés d’avoir été touchés, poussés, tapés, etc. et, tout en les rassurant, montrons-leur que leur voix est importante.
Pour une éducation bienveillante et le respect de chacun, apprenons aux enfants à respecter leur propre corps et à respecter le corps de l’autre.
Pour rappel, tout enfant a « le droit d’être protégé de la violence, de la maltraitance et de toute forme d’abus et d’exploitation » selon la Convention internationale des droits de l’enfants (1989).
Voilà comment cela aurait pu se passer pour cette petite fille de 6 ans. La maîtresse aurait pu prendre le temps d’accueillir son émotion :
« Quand tu lui as demandé de te lâcher et qu’il ne l’a pas fait, est-ce que tu as eu peur et tu t’es sentie en colère parce que tu avais besoin de sécurité et de respect ? »
Elle aurait ensuite pu dire au garçon « Tu sais, quand elle me raconte qu’elle t’a demandé de la lâcher et que tu ne l’as pas fait, je me sens en colère et inquiète parce que j’ai besoin de protéger les enfants. Est-ce que tu comprends que son corps lui appartient et que tu n’as pas le droit de le toucher sans son accord ? »
Pour finir, l’institutrice aurait pu réunir tous les enfants autour de ce sujet et leur expliquer le respect et l’importance du corps.
L’ensemble des parents auraient également pu être invités à discuter de cet incident afin que tout l’environnement de l’école prenne conscience de l’importance de ce qui s’était joué ici. De plus, la petite fille se serait surement sentie entendue et soutenue.
Les stratégies ne manquent pas et sont importantes quand il s’agit du respect du corps de chacun, et davantage quand il s’agit de celui des enfants.
« Fais un bisou à la dame » : une habitude à bannir
Par souci de politesse ou par peur d’être jugés comme malpolis ou comme « mauvais parents », nous poussons parfois les enfants à embrasser des proches ou des inconnus. Forcer les enfants à embrasser, câliner ou toucher des gens qu’ils ne connaissent même pas ou à qui ils ne veulent simplement pas s’adresser peut brouiller leur apprentissage du consentement.
Mettons-nous à leur place… Qu’est-ce que cela nous ferait si on nous demandait d’embrasser ou de prendre dans nos bras un inconnu ou quelqu’un que nous n’apprécions pas particulièrement ?
Oui, la politesse s’apprend; et la meilleure façon de transmettre cette valeur, c’est de l’incarner.
Proposons plutôt un salut de la main ou un simple “bonjour” pour inviter l’enfant à entrer en relation avec les autres à son rythme.
🔎 Ressources et Outils pour Sensibiliser au Consentement
– La CNV (Communication NonViolente) : une méthode efficace pour apprendre aux enfants à exprimer leurs besoins et émotions de manière respectueuse.
– L’accompagnement des émotions : mettre des mots sur les ressentis pour aider les enfants à mieux comprendre et gérer leurs interactions.
– Les supports visuels adaptés : Elise Gravel propose une illustration accessible pour expliquer le consentement aux enfants.
– À lire : « Et si on changeait d’angle » de Fanny Vella met en scène ces situations en inversant les rôles enfants/adultes. Une prise de conscience essentielle !
📌 Rappel fondamental : selon la Convention internationale des droits de l’enfant (1989), tout enfant a « le droit d’être protégé de la violence, de la maltraitance et de toute forme d’abus et d’exploitation ».

Louise Payet, 2022
Pour aller +loin :

C’est très intéressant. Lors d’un remplacement long en maternelle, j’ai abordé le sujet du consentement avec mes élèves de Grande Section car plusieurs enfants « carressaient » les t-shirts à paillettes (vous savez cette mode des paillettes qui changent de couleur quand elles se retournent) de leurs camarades sans leur demander leur avis, qu’un petit garçon imposait à toutes les filles câlins et bisous et que plusieurs jouaient sans arrêts avec les tresses de certaines petites filles quand elles avaient une nouvelle coiffure… quand j’ai vu les petits visages gênés ou malheureux, j’ai décidé de prendre le temps de parler en groupe de tout cela. Nous en avons débattu tous ensemble, tous les enfants ont exprimé leurs émotions et ressentis et nous avons ensemble instauré des règles communes. Cela ne s’est pas fait en un jour mais au bout de quelques semaines, j’ai vu de réels changements : les élèves n’hésitaient à dire non quand ils étaient gênés et ils demandaient la permission avant de toucher les t-shirts ou les nattes. J’étais si fière d’eux !!! J’espère que cela leur servira tout au long de leur vie …
Merci pour cet article très intéressant.
Belle journée, Hélène
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Merci pour ce partage 🙏🏼. C’est super ce que vous avez fait avec eux
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