Emmi Pikler

La pédiatre hongroise Emmi Pikler, née en 1902 en Hongrie, est diplômée de la faculté de médecine de Vienne. Elle part s’installer à Budapest en 1947 où on lui propose de prendre la direction de la pouponnière de Loczy, créée pour les orphelins de guerre. Elle met alors en place son approche éducative et médicale innovante, en posant comme principes la libre activité de l’enfant, son bien-être corporel, la qualité du soin et la relation privilégiée avec l’adulte qui s’en occupe, l’adulte référent. Très vite, la formidable réussite de Loczy connaît une expansion phénoménale.

Emmi Pikler a su construire, à partir de ses observations et de ses recherches sur le jeune enfant et son mode d’évolution, un accompagnement du développement du bébé et une pédagogie de la prime enfance particulièrement innovante et d’une grande pertinence. Le tout en collaboration avec les parents des enfants dont elle était le pédiatre.

La pouponnière de Loczy
Cette pouponnière, située à Budapest, prend en charge des enfants orphelins. Le fonctionnement de cette pouponnière est défini par Emmi Pikler : ne plus raisonner uniquement en terme de diagnostic mais également en terme de soins et de soutien en prenant en compte les mal-êtres des enfants.

2 principes sont mis en place :

  • La théorie de l’attachement : relation privilégiée avec un ou plusieurs adultes. Point d’ancrage essentiel et révolutionnaire à l’époque. Avant, lorsque les enfants étaient pris en charge, ils n’étaient pas pris en charge singulièrement. Aucune prise en charge de manière individuelle et pas de continuité. En 1946, elle propose cette prise en charge singulière et chaque enfant a une nurse qui joue le rôle de l’adulte référent.
  • La motricité libre : consiste à laisser une totale liberté à l’enfant. « La motricité libre consiste à laisser libre cours à tous les mouvements spontanés de l’enfant sans lui enseigner quelque mouvement que ce soit ».

Elle considère le bébé comme une personne ayant une énergie vitale, celle-ci lui donnant la capacité de développer ses compétences.
Dans cette pouponnière, les nurses doivent prendre en compte les états émotionnels des nourrissons et elles doivent être capables de porter une attention particulière aux gestes de l’enfant.
Le développement psychomoteur est programmé, il se déroule spontanément dans un ordre donné et l’enfant n’a aucun besoin de l’intervention d’un adulte pour apprendre la maîtrise de son corps. Pour Pikler, le bébé est acteur de son développement, et chaque enfant est unique et donc va progresser à son propre rythme. Le bébé va à l’aventure, il découvre son corps. Il apprend de lui-même et par lui-même. Non seulement le bébé est acteur mais il prend aussi du plaisir. Ce plaisir va permettre le développement moteur, intellectuel et affectif de l’enfant.

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C’est à travers ce développement que l’enfant va prendre conscience de son corps, de ses limites. L’enfant à qui on laisse appréhender sa motricité comme il l’entend, pourra acquérir une très grande aisance corporelle. Cela lui permettra de gérer cette motricité avec une prudence adaptée : par exemple, il va apprendre à tomber…


L’aisance corporelle permettra à l’enfant de construire un sentiment de confiance.

L’adulte doit être extrêmement respectueux de l’enfant et doit être là pour le soutenir, l’encourager par la parole ou le regard et l’accompagner. Cette relation va se construire sur le respect et la confiance. La sécurité affective est essentielle. Ne pas parler à un enfant, c’est nier sa qualité de sujet. Une relation basée sur la parole est essentielle.

Emmi Pikler meurt en 1984 en Hongrie.

Du vivant d’Emmi Pikler et depuis, les idées piklériennes sur l’enfant, son développement et son accompagnement se sont diffusées dans le monde entier.

Selon les pays, en fonction de leur culture et de leur histoire, ce sont des parents, des professionnels de lieux d’accueil de jour ou de pouponnières, des structures pour enfants porteurs de handicap, ou encore des cliniciens ou des organismes de formation qui ont fait leurs ces idées.

Bibliographie

  • Se mouvoir en liberté dès le premier âge
  • La présence de stagiaires : un aspect particulier de la lutte contre l’hospitalisme,
  • Manifestations actuelles du syndrome d’hospitalisme dans les pouponnières.
  • Importance du mouvement dans le développement de la personnalité.

Le site de l’association française ici.

Louise Payet

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